Onfray, ce poison…

Fantasmes présentés comme des faits et affirmations gratuites dues à une paresse intellectuelle dans la recherche ou la confirmation des faits, amalgames conceptuels et géopolitiques, anachronismes, incapacité d’analyser une situation comme telle, justification implicite de cette situation par le recours à des épouvantails qui s’expriment à son propos mais lui sont extérieurs et ne la conditionnent pas, focalisation ad hominem qui, pour toute critique contraire, implique d’abord la pareille, au risque de se voir discréditée au fond pour ce motif, constitution, ce faisant, de camps de pensée, diffamation grossière, attribution de propos non sourcés, voire non tenus, reprise de citations tronquées, des années après leur rectification, instrumentalisation de victimes… Tels ne sont que quelques-uns des outils issus de la panoplie du parfait sophiste, dont Onfray, parmi tant d’autres malheureusement, s’est fait, en parfaite connaissance de cause, un habitué.

Si les arguments simplistes tendent à faire mouche auprès de publics peu éduqués à leur déchiffrement, c’est parce que ces derniers sont peu sensibles à la complexité requise pour dévoiler leur simplisme. C’est le fondement même de la démagogie : aux longs développements nécessaires à ton illumination, la petite phrase simplificatrice préféreras.

Cette démagogie est d’autant plus perverse lorsqu’elle est le fait d’un esprit qui se prétend éclairé et prétend éclairer. Onfray, en effet, est supposé évoluer sur le terrain de la philosophie, une discipline qui se veut, sinon scientifique, au moins rigoureuse et structurée. Si c’est de manière bienveillante et avec l’objectif de le mettre sur la voie de la beauté et de la sagesse, un shaman peut se permettre de tromper son auditoire. Pas le philosophe, sauf s’il se nomme Socrate. Onfray n’a ni cette manière, ni cet objectif; sa bouillie verbale insensée, son esprit carré dans le désordre, et sa prétention à détenir sur toute chose la vérité sont à mille lieues de la maïeutique : Onfray n’est qu’un gourou fourbe qui mène qui le suit à l’abîme.

En voici une nouvelle illustration, à l’occasion du billet vidéo que l’intéressé a publié pour la semaine du 2 avril 2018 (sous la rubrique « la semaine vue »), dans la foulée du meurtre de Madame Mireille Knoll et trois jours après les premiers massacres de Gazaouis à l’occasion des prémisses de la Grande Marche du Retour…

« Je n’utilise pas beaucoup le mot ‘scandaleux’, mais je pense qu’il faut l’utiliser pour parler des nombreux crimes antisémites qui se donnent [sic] aujourd’hui en France au nom de l’islam. Donc, je trouve qu’il y a une tolérance qui est très grande aujourd’hui sur les crimes qui sont perpétrés sur des juifs ou sur des juives, simplement parce qu’ils sont juifs ou juives, et que ces crimes sont perpétrés par des gens qui crient « Allahu Akbar ». La chose est quand même clairement revendiquée : on tue des juifs en France aujourd’hui parce qu’ils sont juifs. Et ça, c’est inadmissible et c’est absolument scandaleux. »

Une tolérance ?! Quelle en est la manifestation ? Quels (récents) meurtres de Français juifs ont-ils été ponctués par l’exclamation « Allahu Akbar » ? Cette exclamation explique-t-elle cette supposée tolérance ? La circonstance aggravante de l’antisémitisme a été retenue par le parquet contre les meurtriers de Madame Knoll, mais a-t-elle pour autant été établie avec certitude à ce stade ?

« De sorte que, quand il y a eu cette marche dans la rue et que le CRIF a pris à partie Mélenchon et Marine Le Pen, eh bien, j’étais d’accord. J’étais d’accord dans ces deux cas-là parce qu’on ne peut pas jouer avec le feu et, le jour où l’incendie se déclenche, dire qu’on n’y est pour rien, et que ce n’est pas parce que la forêt est totalement embrasée qu’on devrait être soi-même responsable juste parce qu’on a craqué une allumette. Si, si, ça suffit : on peut mettre le feu à une forêt juste avec une allumette. Et il se fait qu’on ne peut pas, pendant des années – je pense à Mélenchon – dire effectivement que les Israéliens sont des riches soutenus par le sionisme international, du côté du capitalisme, et que les Palestiniens sont toujours des gens exploités, et qu’il faut être du côté des Palestiniens, donc boycotter Israël, dire qu’Ahmadinejad, qui, à l’époque, voulait rayer Israël de la carte, était un personnage très sympathique parce qu’il était l’ennemi des Américains. Ce sont quand même des choses dites par Mélenchon. [En somme, on ne peut pas tenir de tels propos comme s’ils l’étaient] en l’air, sans que ce soit extrêmement conséquent. C’est très conséquent de défendre un individu qui veut rayer Israël de la carte. »

Ahmadinejad a-t-il jamais tenu ces propos ? A-t-il jamais affiché la moindre volonté en la matière ?

https://www.jpost.com/Israel/Lieberman-Do-to-Hamas-what-the-US-did-to-Japan

Un article de Le Point daté du 26 avril 2012 confirme qu’il ne les a jamais tenus, et fournit le contexte du discours de l’ex-président de l’Iran, qui avait notamment évoqué par ailleurs la chute de l’URSS et celle de la dictature irakienne, deux événements auxquels l’Iran fut étranger.

L’Iran est-il l’instigateur d’un quelconque meurtre de Français juif ? Les meurtriers étaient-ils chiites, ou tout simplement religieux pratiquants ? Leur motivation leur est-elle venue de Téhéran ?

Le soutien supposé de Mélenchon à Ahmadinejad est-il avéré ? Dans un billet publié sur son blog le 5 septembre 2014, le CRIF écrivait : « [Mélenchon] approuve la pratique du pouvoir par Chávez, mais il condamne son encombrant soutien à l’Iran d’Ahmadinejad ou à Bachar al-Assad, explique-t-il ». Une réticence à l’égard de l’Iran d’alors de la part du patron dit insoumis que confirme, sous une formulation différente, un article de L’Express du 6 mai 2016.

Mélenchon a-t-il jamais justifié le droit à l’autodétermination du peuple palestinien par l’argument que lui prête Onfray ? Ou ce dernier, le sommant de s’y conformer, lui attribue-t-il cette grille d’analyse marxiste par automatisme ? Les Palestiniens ne sont-ils qu’ « exploités » ? Soutenir leur droit à l’émancipation en tant que peuple impliquait-il nécessairement que l’on adhère aux propos d’Ahmadinejad ? Qu’Ahmadinejad se soit targué de les soutenir invalidait-il leur combat ? Mélenchon porte-t-il, comme Onfray le suggère lourdement, une responsabilité directe ou indirecte dans le meurtre de Mireille Knoll, ou de quelqu’autre Français juif ? A-t-il manifesté la moindre « tolérance » à l’égard des meurtriers ? Si oui, quelle forme cette tolérance a-t-elle prise ?

« On ne peut pas défendre Ahmadinejad simplement parce qu’il est un opposant des Etats-Unis quand il a dit qu’il fallait rayer Israël de la carte. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est un propos qu’Adolf Hitler aurait pu tenir. »

On fera grâce à Onfray de sa concordance des temps malheureuse, qui laisse entendre non pas que, si Hitler était vivant aujourd’hui, il pourrait tenir ce propos, mais qu’il aurait pu le tenir tandis que n’existait pas encore ledit Etat. En revanche, dans la mesure où Hitler avait envisagé au préalable pour les Juifs d’Europe diverses solutions d’exil (à Madagascar, notamment), rien ne permet d’affirmer qu’il pourrait tenir les propos qu’Ahmadinejad n’a pas tenus.

« On ne peut pas dire d’un côté [qu’] Ahmadinejad est quelqu’un de défendable, et puis, de l’autre côté, descendre [sic] en disant [que] le fascisme ne passera pas : Madame Knoll a été assassinée, c’est une chose qui n’est pas correcte. […] Monsieur Ahmadinejad, il en aurait tué beaucoup, des Madame Knoll et des Madame Halimi, et beaucoup de gens qui ont été tués parce qu’ils étaient juifs. Donc, on ne peut pas, d’un côté, jouer comme ça, faire le cador […] en disant [qu’] il faut boycotter Israël, [qu’] Ahmadinejad est un personnage intéressant bien qu’il veuille supprimer Israël de la carte, et puis après descendre dans la rue et continuer [de] faire du « en même temps » en disant [qu’] on est là pour éviter les crimes antisémites, etc. Eh bien non, le CRIF a eu raison de dire à Mélenchon qu’il n’avait pas sa place ici et que les Insoumis n’avaient pas leur place ici. Un peu de décence… On ne peut pas, d’un côté, tirer sur Israël au sens métaphorique et puis, de l’autre côté, estimer que ceux qui tirent sur des ressortissants israéliens ou sur des juifs sont des gens qu’on ne devrait pour le coup plus soutenir. Il faut être cohérent. Donc, l’antisionisme aujourd’hui est la forme nouvelle de l’antisémitisme. »

Une fois que l’on a expurgé de ce pseudo-argumentaire ce qui est supposé en constituer le fil rouge (c’est-à-dire le prétendu soutien de Mélenchon à Ahmadinejad), on constate ce qu’il reste de sa pertinence, qui, même sans ce toilettage, était déjà très sujette à caution.

Ad nauseam, Onfray use ici de la ficelle rhétorique de l’épouvantail, qu’il utilise pour délégitimer toute critique d’Israël et de son action, et pour lier tous ceux qui exercent malgré tout cette critique, en appelant au boycott par exemple, aux assassins de Madame Knoll, laquelle se voit elle-même, à titre posthume, confondue sans la moindre nuance – la moindre décence ! – avec une juive israélienne, alors qu’elle faisait, ai-je ouï dire, de sa citoyenneté française une fierté.

Les équations d’Onfray font froid dans le dos :

Français juifs comme juifs israéliens = « le Juif », essentialisé à travers Israël (qui n’est plus « le Juif » d’hier, mais qui reste « le Juif »), c’est-à-dire tous les juifs du monde dans le même sac, tous sionistes, tous, le cas échéant, derrière un gouvernement d’extrême-droite, tous partisans d’un « gigantesque camp de concentration » (selon la qualification d’Amira Haas), tous promoteurs du massacre de civils palestiniens non armés, et tous férus d’apartheid.

Par conséquent, toute critique d’Israël = une critique contre « le Juif » = antisémitisme = soutien au moins tacite aux assassins de Français juifs. D’ailleurs, Ahmadinejad…

« On sait très bien que si on n’est pas sioniste […], s’il n’y a pas d’Etat d’Israël légitime, qu’est-ce qu’on fait des juifs qui sont en Israël ? On les met à l’eau comme [lors de l’exode] ? Comment est-ce qu’on s’y prend ? [Ce sont] des questions qu’il faudrait poser aux antisionistes. »

Les poser d’abord aux antisionistes juifs, dont Dominique Vidal, le 2 mai dernier sur Mediapart, a défendu la légitimité de l’expression ? Dame ! Est-ce possible ? Des juifs contre « le Juif » ? Certains d’entre eux au nom de la tradition, d’autres par progressisme ?

« Et puis [il faudrait aussi] expliquer un peu comment les amis de Mélenchon, dans les années ’30, les islamo-gauchistes déjà, étaient des gens qui avaient pris le parti d’Adolf Hitler. Et que le grand mufti de Jérusalem, qui représent[ait] les musulmans de cette époque-là, [a choisi] clairement Adolf Hitler, [et] qu’il est allé d’ailleurs prêcher comme imam dans la seule mosquée de Berlin à l’époque où Adolf Hitler était au pouvoir, et qu’il y a même eu des légions musulmanes qui ont combattu aux côtés des nazis parce qu’effectivement, l’ennemi commun, c’étaient les juifs. Donc, il faut le dire : s’il y a eu la création de l’Etat d’Israël, c’est aussi parce qu’il y eu ça, parce que les Palestiniens de l’époque, ou les musulmans de l’époque, ont choisi Adolf Hitler, et que quand la guerre s’est terminée, eh bien, ils avaient choisi le camp des vaincus et que, ben voilà, les partages des terres se sont faits, et que c’est ainsi. Il y a eu un partage des terres, c’est peut-être effectivement injuste pour des Palestiniens qui ont été mis à la porte de chez eux alors qu’ils n’avaient, eux, rien fait, mais leurs chefs, leurs théoriciens, leurs dialecticiens, leurs grands hommes, avaient fait le mauvais choix pour eux, et le mauvais choix pour les juifs aussi. Et donc, il faut faire un peu d’histoire quand on veut savoir comment l’Etat d’Israël s’est constitué, et estimer aujourd’hui que, si les Palestiniens ont droit à une terre, les Israéliens ont bien droit aussi à la leur, que les deux peuples ont le droit de vivre ensemble en paix, mais que tous les gens qui montent un peuple contre l’autre – et c’est le cas de Mélenchon – sont des gens qui mettent le feu à la forêt, et ne peuvent pas se mettre à jouer aux pompiers un jour parce que sinon, ils jouent aux pompiers pyromanes. »

Des « islamo-gauchistes » dans les années ’30 ? Dont Mélenchon serait nolens volens le légataire ? Et qui auraient eu à l’époque le monopole de la germanophilie ? Un mufti qui, tel un chef d’Etat ou un cardinal catholique, « représent[ait] » les musulmans, et, par extension conceptuelle, les Palestiniens ? Et un mufti aux sympathies nazies, de surcroît, comme se plaisent à le répéter l’extrême-droite israélienne et ses relais un peu partout, quitte à minimiser l’initiative d’Hitler dans l’extermination des juifs d’Europe… Un mufti, en effet, qui, aux côtés d’Eichmann, aurait été le véritable inspirateur de la Solution finale, à en croire les dires d’un associé nazi de ce dernier lors du procès de Nuremberg, une allégation réfutée par quantité d’historiens d’envergure, de même que par Hannah Arendt.

Quels « grands hommes » qui se sont compromis avec le régime nazi et sont supposés avoir parlé officiellement au nom des Palestiniens auraient-ils amené la Palestine arabe sous mandat britannique à être associée comme telle au camp des vaincus ? La misojudéité était-elle le propre dudit camp ? Le poids de la déclaration Balfour (1917), qui fut reprise comme résolution dans les conclusions de la conférence de San Remo (1920), consacrant la volonté du mandataire d’établir « un foyer national juif en Palestine », aurait-il donc été négligeable dans l’adoption de la résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947, qui entama la partition de la Palestine conformément à ce qu’avait suggéré en 1937 la Commission Peel ? Quel historien sérieux soutient-il que cette partition était aussi la résultante d’un écot qu’aurait eu à payer l’Etat de Palestine en raison du lobbying du mufti al-Husseini et d’autres leaders arabes/musulmans (?!) de Palestine ? Un quelconque document officiel l’atteste-t-il ? La Palestine était-elle, pouvait-elle être, officiellement partie au conflit ?

« Quant à Marine Le Pen, elle paye la facture de son père parce qu’elle a beau ramer en disant que le génocide des juifs est la plus grande catastrophe du XXe siècle, n’être pas solidaire des saillies antisémites de son propre père, faire savoir que les juifs sont en danger en France – c’était une des rares à le dire d’ailleurs –, que l’islam intégriste et l’islam politique présentent des dangers pour les juifs qui sont en France – elle le dit clairement – […], elle paye d’être la fille de son père, […] qui, lui, [tenait] un discours antisémite. […] [En ce qui la concerne, en revanche, elle n’est pas avare de] discours plutôt philosémites. […] Elle a, elle, payé. Bon, ben, ce n’est pas non plus inexplicable. Je trouve ça justifiable de la part du CRIF aussi. […] Et il était très bien qu’on ne se contente pas de mettre Marine Le Pen à la porte, mais qu’on mette aussi Jean-Luc Mélenchon à la porte : il ne faut pas imaginer qu’on peut tout dire et le contraire de tout. […] Bravo le CRIF ! »

C’est tellement vrai que Rogier Cukierman, président du CRIF de 2001 à 2007 (Ahmadinejad prononça son discours polémique le 25 octobre 2005.) ainsi que de 2013 à 2016, déclara le 23 février 2015 qu’il n’avait « rien à […] reprocher personnellement [à Marine Le Pen] », une dizaine d’années après avoir espéré, comme l’avait rapporté un article de Ha’aretz du 24 avril 2002, que le succès de son père à l’issue du premier tour de la présidentielle de 2002 enverrait « un message aux musulmans [de France] leur indiquant de se tenir tranquilles »…

Remarquons que, contrairement à Cukierman, Onfray ne retient pas comme raison de l’excommunication a priori de la fille Le Pen de la marche en l’honneur de Madame Knoll le fait qu’il reste au FN de nombreuses troupes qui continuent de penser comme son père : en bon philosophe héritier des Lumières, il se contente d’entériner le ruissellement des péchés du père sur sa filiation. Comme le CRIF, toutefois, il feint de penser que la misojudéité n’est alimentée que par les propos qui visent directement « le Juif ». Enfin, il ne s’interroge à aucun moment sur le bien-fondé de la tutelle que s’est arrogée le CRIF sur le souvenir de Madame Knoll, dans le cadre d’une marche républicaine.

***

Jerome GEROME a écrit : « Qu’arrive-t-il à Onfray : confondre Israël et les français de confession juive ??? »

Pascal Hadad a écrit : « Onfray le filousophe néoréactionnaire, Le Pen, le CRIF, la belle brochette d’ordures. »

abc efg a écrit : « Ce mec est bipolaire mais à 300%. Il dit tout et son contraire en permanence sous couvert de « philosophie ». C’est surtout une maladie. »

Houcine 073 a écrit : « Qu’avez-vous, monsieur Onfray, vos livres ne se vendent plus ou la pression sioniste est très forte ? Imaginez que je tue un juif en criant « Au nom de la République française ». Cela ferait de tous les Français des antisémites ? Votre logique est pathétique, et arrêtez de retourner votre veste à longueur de temps . C’est un crétin et un assassin qui a tué cette française de confession juive, et rien d’autre. »

Ababush a écrit : « Cette tartine de moraline est écœurante, en fait gerbante. Le pire, c’est qu’elle s’étale sur les deux faces de la tartine, Onfray dit tout et son contraire. »

Bouktit Mehdi a écrit : « Oulala, il a changé … il a dû passer au bureau de BHL. »

***

Si réjouissant que puisse être l’esprit critique manifesté dans ces commentaires, le philosophe Onfray n’en est pas moins aussi dangereux que ne peuvent l’être certains humoristes. Peut-être l’est-il même plus encore, en raison de son vernis de respectabilité alter-académique. Qu’on ne s’y méprenne, en effet : ce sont tous les alter-étudiants qui ont un jour assisté à ses cycles de cours et s’y sont abreuvé de ses paroles comme si elles étaient de lumière, et plus largement quiconque s’avère, en raison de déterminismes sociaux, par trop réceptif à des logorrhées de sophistes telles que la sienne, que le Normand conchie de son dilettantisme malveillant doublé de son profond mépris. Car Onfray n’est pas plus un entertainer qu’il ne fait dans la satire : il livre une vérité, la vérité à son estime, peut-être. Un contradicteur souligne-t-il l’une de ses incohérences ou corrige-t-il l’une de ses erreurs factuelles ou de ses approximations ? Il préférera la réitérer et le traiter de sot que de se ranger à sa rectification. Parce qu’admettre qu’il est faillible serait pour lui s’avouer vaincu ? Rien dans la présentation de sa pensée (souvent à chaud) n’est destiné à susciter le recul, tout pourtant à induire en erreur. Onfray est devenu un spécialiste de la caricature présentée comme une opinion éclairée, libertaire et alternative qui plus est. Et c’est rendre un très mauvais service au débat intellectuel ainsi qu’à l’édification des jeunes générations que de laisser prospérer de tels énergumènes…

A vous, à présent, de défaire la dernière en date de ses impostures, intitulée « Israël-Palestine : ni dieux ni maîtres », dans laquelle, après la conclusion de la Grande Marche du Retour, Onfray propose, référence à Camus à l’appui, de faire fi des leaders des deux camps pour ne s’intéresser qu’aux peuples, réputés en suspension, dont la religion commune (dixit l’intéressé), dès lors qu’ils sont tous deux sémites et qu’elle est abrahamique, constituerait la clé du salut, et dans laquelle il affirme en outre les responsabilités également partagées de l’occupé et de l’occupant. Et à vous également de déceler la cohérence d’ensemble. Courage !

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