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Once upon a time in Watermael-Boitsfort…

… a horde of about fifty Negro children, women and men, all asylum seekers, found an unoccupied building in which they thought they would be able to settle for a while. The building belonged to Gecamines, the new name the mining company which had shamelessly exploited the Congo’s resources during Belgium’s ruthless, (pre-)fascistic colonization of the country, had given itself after the latter’s so-called independence… It is located on Sovereign’s Blvd., named after the monarch whose government delineated its route, a Leopold II.

How ironic ! they thought. Let’s symbolically give them a taste of their own medicine and do a little colonizing of our own for a change. So, they invaded the place, which had been empty for quite a while. The water, however, was still running, and the electricity was still on.

The reverse-colonizers were mostly families and, having just found a nest, they would start sending their kids to local schools, progressively blending in with an overwhelmingly white environment by learning the ropes of becoming bourgeois where such a thing matters most.

But their dream was short-lived : as soon as the company owning the building (which, it seems, was not Gecamines itself) was apprised of the situation, it launched a formal eviction procedure : how could the most essential well-being of a horde of Nig**z weigh up against a realtor’s fundamental right to price-gouging ?

To his credit, the local mayor objected : “They’re not bothering anyone”, he said. But that’s basically all he said (and did)…

Luckily, the judge didn’t share the realtor’s views. After reading article 23 of the Belgian Constitution (“Everyone has the right to lead a life in keeping with human dignity. […]”), and reading it over and over again, while he could have argued both human lives and bricks are matter at the end of the day, he ruled the former came first, and subsequently dismissed the eviction request. Furthermore, he argued that Gecamines bore an indirect responsibility in the suffering and exploitation of the people of the Congo and that, therefore, allowing said asylum-seekers, some of whom probably had the Congolese nationality, to stay in that otherwise empty building could be considered to be a form of reparation.

Do you still fucking believe in Santa ?! “Raus !” he said, “Schnell ! We don’t banter with empty private property over here, nor do we bargain with non-citizens !” And so, little over a year after their insolent and inexcusable invasion, the colonizer horde, kids included, were ordered to leave the premises. The bricks were relieved ! “Heyyy, whadja want me to do about it ?

… the mayor, confronted by some angry protesters during a town council, lamented.

What indeed ?…

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Migrants : pensée complexe, présidence décomplexée…

Plenel, le Pater Dolorosus de Mediapart, était sur France 5, samedi. Réagissant au projet de loi relatif à l’asile et à l’immigration qu’entend soumettre prochainement au Parlement la gouvernance française, sa moustache y a exposé sa vision post-derridienne chaotique de l’hospitalité…

Dans De l’hospitalité, publié il y a vingt ans, Derrida avait posé la prééminence du principe pur par rapport à ses déclinaisons législatives, conditionnelles, et soutenu qu’il appartenait de ces dernières à celui-ci de s’affranchir a priori

« La loi de l’hospitalité absolue commande de rompre avec l’hospitalité de droit. […] Disons, oui, à l’arrivant, avant toute détermination, avant toute anticipation, avant toute identification, qu’il s’agisse ou non d’un étranger, d’un immigré, d’un invité ou d’un visiteur inopiné, que l’arrivant soit ou non le citoyen d’un autre pays, un être humain, animal ou divin, un vivant ou un mort, masculin ou féminin. »

C’est, en substance, ce que Plenel, se réclamant d’une « pensée complexe » brevetée par d’autres avant lui, a réaffirmé dans sa dernière homélie, ainsi que dans son livre à lui, semble-t-il, le dernier en date, dont le titre cependant, Le devoir d’hospitalité, renvoie peu ou prou à une obligation que, dans l’absolu, Derrida contestait, parce que déjà constitutive de conditionnalité. Confrontée à la nuance, portée par un camp dont on ne l’attendait pas, la complexité conceptuelle présumée du cauchemar vivant de Cahuzac, toutefois, a été mise à rude épreuve.

Premièrement, parce que la Déclaration universelle des Droits de l’Individu humain, qu’il invoquait pour asseoir la légitimité absolue de l’hospitalité principielle, indépendante de toute codification nationale (ou européenne), demeure à bien des égards toute théorique, y compris pour des citoyens à part entière. L’application pour le moins défaillante de son article 12 en est une illustration parmi d’autres.

Deuxièmement, parce qu’assimiler, comme il l’a fait, le droit national (ou européen) – et non pas uniquement le projet de loi à l’étude – au nationalisme le plus étriqué, en plus de n’avoir d’autre objectif que de museler l’interlocuteur par une réduction fallacieuse coutumière aux polémistes et aux idéologues français, revient à avilir et à saper le cadre républicain et démocratique dans son principe même (et non dans son effectivité, pareillement relative).

Troisièmement, parce que, quand bien même l’ensemble desdits droits seraient strictement reconnus et appliqués, la Déclaration elle-même en spécifie les contours, par exemples en ses articles 8, 14 et 13, lequel établit que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat ». D’ailleurs, sous-entendre que l’édifice onusien ne serait pas tout entier fondé sur la reconnaissance des Etats (et des règles de droit qu’ils ont vocation à partager, certes), de l’Etat comme pilier structurel, n’est-ce pas apporter de l’eau au moulin de ceux qui, tout en refusant avec insistance que l’on piétine leurs droits et leurs libertés, n’ont qu’un rêve : en finir avec ce satané « droits-de-l’hommisme » internationaliste ? Quant au second alinéa de cet article 13, que cite Plenel et qui stipule que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien » et d’y revenir, il n’équivaut pas à une obligation pour tout pays d’accueillir toute personne. Il vise – Plenel-le-jésuite le sait fort bien – à prévenir toute interdiction générale ou arbitraire de quitter un territoire donné qui serait opposée à un individu, à un groupe, ou à la société dans son ensemble.

Quatrièmement, parce que l’hospitalité mondiale absolue n’offre aucune solution politique harmonieuse. J’y reviendrai…

« Ce Monsieur m’interroge », son objection « est misérable », « c’est honteux »  (grimace en prime)… Marquant sans ménagement sa réprobation à l’égard du journaliste qui le questionnait, les enfantillages rhétoriques de Plenel n’ont fait qu’accentuer l’évidence : sa « pensée complexe » est singulièrement fruste. C’est en cela qu’elle se différencie de celle de Derrida qui, en étayant le processus de tension entre l’absolu et le particulier de l’hospitalité, n’en était pas, lui, resté aux abstractions simplificatrices… En effet, dit-il,

« […] [I]l y aurait antinomie, une antinomie insoluble, une antinomie non dialectisable entre, d’une part, La loi de l’hospitalité, la loi inconditionnelle de l’hospitalité illimitée (donner à l’arrivant tout son chez-soi et son soi, lui donner son propre, notre propre, sans lui demander ni son nom, ni contrepartie, ni de remplir la moindre condition), et d’autre part, les lois de l’hospitalité, ces droits et ces devoirs toujours conditionnés et conditionnels, tels que les définit la tradition gréco-latine, voire judéo-chrétienne, tout le droit et toute la philosophie du droit jusqu’à Kant et Hegel en particulier, à travers la famille, la société civile et l’Etat. »

« L’humanité n’est pas assignée à résidence », martèle Plenel. C’est son credo. A l’entendre, le déplacement (physique) serait, au contraire, son identité. « Ce n’est pas », ajoute-t-il, « la misère du monde qui vient vers nous, c’est la dignité du monde ». Ne serait-ce plutôt une part de sa force, au sens brut ? Que propose Plenel aux plus frêles, aux moins agiles, aux moins habiles, dans les pays d’origine, de facto assignés, eux ? Ce n’est pas à des migrations de conquête que l’on assiste, mais à des migrations de fatalité, car si c’est à elle que souhaitent échapper les migrants, l’apparente nécessité de leur périple n’en est pas moins une. Et cette fatalité, face à ses contradicteurs (Je n’ai pas lu son livre.), le Père-la-Morale ne se propose en réalité que de l’accroître en encourageant toujours davantage les forces vives d’Etats en friche à émigrer vers des caricatures d’Eden qui auraient vocation à dépeupler le reste de la Terre de ses habitants. Outre ce reliquat de complexe religieux de centralité, désormais centripète (Nous n’évangélisons plus sur vos terres, venez à nous dorénavant…), cette perspective présente un défaut logique structurel : pourquoi une humanité pléthorique éparpillée devrait-elle se concentrer en plusieurs points ? Un tel schéma est-il viable pour elle ? Rationnel ?

Bien sûr, Plenel rétorquerait que, même si nous avons  « vocation à [nous efforcer d’] accueillir toute la dignité du monde », ce cas de figure paraît très hypothétique. Mais l’avons-nous à n’accueillir égoïstement et néolibéralement que les plus compétitifs parmi les nouveaux damnés ? Et même ceux-là, s’ils avaient le choix, ne préféreraient-ils pas avoir leur résidence au pays, plutôt que de risquer leur vie à la négocier avec des mafias de passeurs, pour finir peut-être, lorsque cette compétitivité est féminine et nigériane, par se prostituer pour cinq euros en terre promise ? Tout à son monde des idées platonicien, Plenel en omet l’idyllique réalité de la vie de nombre de migrants ici. – Mais bien sûr, il faut combattre ces fléaux, dirait-il. Ben, vas-y, pépère ! Les lois sont là. Que qui de droit ne s’y est-il déjà attelé ?…

L’extrême naïveté qui se dégage de prime abord de l’impératif catégorique mis en avant, que rien ne vient équilibrer, est telle que, confrontée à la roublardise bien maquillée de cet ancien trotskyste de salon, elle amène inévitablement à s’interroger sur le dessein réel qui pourrait guider la démarche. Mais le faire est malaisé, tant il est facile de verser dans le procès d’intention…

Que je sache, un trotskyste, ça reste fondamentalement un révolutionnaire. Or, par ici, la révolution, la vraie, la sanglante, n’a pas bonne presse ces temps-ci. Un large afflux de réfugiés représenterait une pression supplémentaire, finale, sur notre modèle social, et entraînerait une exigence de compétitivité encore accrue. Comment, si rien d’autre n’a pu les infléchir, cette nouvelle donne parviendrait-elle à mettre à mal les politiques d’austérité ? A travers une nouvelle alliance des sous-prolétaires pilotée par l’avant-garde, qui transcenderait miraculeusement le péril extrême-droitier, et dont des migrants instrumentalisés seraient idéalement la nouvelle chair à révolution ? Ne versons pas…

Contentons-nous plutôt de rappeler que, lorsque Marcuse avait envisagé la fin du travail dans les pays dits développés, il l’avait conditionnée à une mobilisation générale et mondiale préalable destinée à éradiquer la pauvreté partout où elle se présente, et laissons à Derrida le soin posthume d’éclairer plus avant la problématique qui nous occupe…

« Il y a […] une étrange hiérarchie. La loi est au-dessus des lois. Elle est donc illégale, transgressive, hors la loi, comme une loi anomique, nomos a-nomos, loi au-dessus des lois et loi hors la loi […] Mais tout en se tenant au-dessus des lois de l’hospitalité, la loi inconditionnelle de l’hospitalité a besoin des lois, elle les requiert. Cette exigence est constitutive. Elle ne serait pas effectivement inconditionnelle, la loi, si elle ne devait pas devenir effective, concrète, déterminée, si tel n’était pas son être comme devoir-être. Elle risquerait d’être abstraite, utopique, illusoire, et donc de se retourner en son contraire. Pour être ce qu’elle est, la loi a ainsi besoin des lois qui pourtant la nient, la menacent en tout cas, parfois la corrompent ou la pervertissent. Et doivent toujours pouvoir le faire. Car cette pervertibilité est essentielle, irréductible, nécessaire aussi. La perfectibilité des lois est à ce prix. Et donc leur historicité. Réciproquement, les lois conditionnelles cesseraient d’être des lois de l’hospitalité si elles n’étaient pas guidées, inspirées, aspirées, requises même, par la loi de l’hospitalité inconditionnelle. Ces deux régimes de loi, de la loi et des lois, sont donc à la fois contradictoires, antinomiques, et inséparables. »

A l’heure d’une droitisation sans précédent des sociétés occidentales (à laquelle répond certes un désir de gauche réaffirmé, mais encore trop timoré sans doute), droitisation qui se manifeste notamment par l’annonce tonitruante par plusieurs figures politiques de premier plan de leur volonté de se défaire de la Convention de Genève, laquelle, pareillement à l’article 14 de la Déclaration déjà citée, distingue implicitement les motifs économiques des persécutions qui justifient l’octroi de l’asile par un pays tiers, sanctuariser celle-ci apparaît comme une nécessité primordiale, qui pourrait constituer le socle d’un compromis entre ce que Derrida définit comme la loi et les lois, faute de quoi même ce prérequis, essentiel pour tout humaniste, pourrait pâtir de l’air ambiant, grâce aux preux tenants radicaux et carrés de revendications maximalistes en soit dans ce cas rendue.

Ce compromis primordial, la gouvernance s’est plusieurs fois dite prête à le sceller. Pourtant, en allongeant les délais de rétention administrative et en écourtant les délais de dépôt des demandes d’asile et de recours, ce sont aussi les individus susceptibles de bénéficier des droits garantis par la Convention de Genève qu’elle tient dans sa ligne de mire.

Plus largement, si le despotisme est effectivement le projet que porte sans scrupule l’Intérieur au nom du Conseil, comment pourrait-il se prétendre éclairé s’il en venait à trier des gosses dans les écoles et les hôpitaux du pays ?

Les nationaux fauteurs de troubles, enfin… La législation (c’est-à-dire les lois) se doit d’être transparente, claire et sans équivoque, en particulier lorsqu’il est question de dignité humaine fondamentale. Or, quel est donc cet article L-622 de l’ordonnance de 2004 relative au code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, qui autorise, le cas de Pierre-Alain Mannoni, cet enseignant qui s’était contenté, civiquement, d’héberger très brièvement quelques migrant(e)s en détresse, en faisant foi, les interprétations les plus farfelues ?

Entre les deux tours de la présidentielle, la Kommandantur en devenir avait affirmé qu’en l’élisant, le peuple français (qui a élu l’abstention, rappelons-le à toutes fins utiles) serait assuré de n’être plus, dans cinq ans, cornaqué par un choix qui n’en est pas un entre le repli frileux incarné par un parti et l’ouverture printanière portée par un autre. Plutôt que de promettre pour l’avenir un véritable débat démocratique, elle eût mieux fait d’annoncer que c’est au repli printanier que s’opposera son futur challenger, précisant dans la foulée qu’elle entendait démontrer qu’il n’y a plus de libéralisme que réactionnaire…

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Lire aussi :

https://yannickbaele.wordpress.com/2015/11/02/refugeemigrant-crisis-want-some-more-doublespeak/

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