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Jeanne, m’entends-tu ? Tu m’entends, Jeanne ?

« Certainement, il y a l’énorme complexité de la grande machine étatique, financière, industrielle […], qui peut surveiller tout ce que nous faisons, pas encore tout ce que nous pensons, heureusement. […] Cette machine d’une énorme complexité, qu’est-ce qui est encore plus complexe qu’elle ? C’est cette petite matière grise […] qui se trouve à l’intérieur de nos têtes [et] qui s’appelle le cerveau humain. Le cerveau humain d’un individu est encore plus complexe que la gigantesque machine qui voudrait le contrôler. […] Tant que la machine n’aura pas nos têtes, elle n’aura pas gagné. »

Présomptueuse, cette prise de position engagée du philosophe Edgar Morin, en clôture du séminaire pour la liberté d’expression tenu par Mediapart, fin septembre 2013, qui a permis à l’intéressé de mesurer empiriquement in situ le nombre de spectateurs qui réagiraient à ses propos ? A certains égards, sans doute, à d’autres bien moins…

Dès que la chape de plomb figurée qui impose le silence autour de cette question, dont Morin dessine, à mon sens, les contours de manière à la fois erratique et définitive, c’est-à-dire dès que les canidés de garde parmi les figurines du petit écran, qui veillent toujours soigneusement à garder une confortable distance entre ce qu’ils savent ou présument, et ce que le bon peuple présume parfois mais n’est pas autorisé à savoir, auront péri sous les assauts de l’âge, d’Internet et / ou du miroir réaliste de leur médiocrité, la question de « cette machine d’une énorme complexité » qui ne peut « pas encore  surveiller tout ce que nous pensons », à laquelle Paul Jorion, dans un édito YouTube tout aussi anecdotique que désabusé et auto-hermétique du 20 juin 2013, lequel s’inscrit dans une longue série de selfies vidéo de la même trempe, fait, lui aussi, parmi tant d’autres, allusion, sera immanquablement posée ouvertement, dans toute sa majesté, provoquant, selon les plus pessimistes, des cataclysmes sociaux de nature matricielle, tant le bon peuple, prenant subitement conscience que la science l’a devancé de quelque deux cents ans, se muerait en hordes mutuellement destructrices, ou favorisant, à l’estime des plus optimistes, l’appropriation populaire d’un savoir confisqué pendant de trop nombreuses décennies, auquel il n’a, la plupart du temps, été fait allusion que de manière allégorique et approximative par une certaine caverne cinématographique et certains types de musiques contemporaines : « da story is to be sold, not to be told », comme dirait l’autre, qui, de chien, s’est soudain mué en lion…

Il sera possible, alors, dans ce second cas, sans risquer d’être la risée des bienpensants du pouvoir, ni le pantin de franges extrémistes violentes, de s’interroger publiquement sur cette « machine », de chercher à déterminer si elle est gouvernée ou si, telle sa très petite consœur face à Kasparov, elle en est arrivée à s’autogouverner en prenant appui sur le flot d’informations que l’humain lui a communiquées, voire même si elle nous gouverne, partiellement ou totalement, et, dans l’affirmative, selon quels principes, et quel degré d’interaction. Il nous sera de nouveau possible, à nous autres humains, de nous parler sans faux semblants, sans nous invectiver ou nous censurer les uns les autres, sans nous concurrencer pour le titre de supreme killer. Il nous sera de nouveau possible d’aim…

Cette « machine » est-elle la « machine » du pouvoir ou la « machine » de tous, dont les puissants, par leurs ressources (financières, intellectuelles et de réseau) tirent bien davantage profit que les autres ? Est-elle un instrument parmi d’autres dans les mains du complexe militaro-industriel, qui menacerait de mort abrupte ou contrôlée ou couvrirait de ridicule quiconque en fait trop clairement état, et, dans l’affirmative, est-elle vouée à le rester, à alimenter un culte religieux, ou à développer une dimension démocratique ? Favorise-t-elle un système politique plutôt qu’un autre ou tout lui est-il égal, si tant est que soient réunis certains paramètres ?

Représente-t-elle une menace totalitaire pour l’humanité, ou peut-elle, moyennant un certain état d’esprit où l’Humanité a sa place, lui faire découvrir de nouveaux horizons ? Nivelle-t-elle ou élève-t-elle ? Augmente-t-elle ou réduit-elle les facultés ? Eclaircit-elle ou opacifie-t-elle les esprits ? Flatte-t-elle l’ego ou laisse-t-elle chacun entrapercevoir son moi attaché ? Est-elle, comme l’est le web pour les ordinateurs rectangulaires, le gestionnaire d’un parc de cerveaux mondial que ne pourrait contrôler quelque entité que ce soit mais dans lequel il serait loisible à certaines d’entre elles de piocher à leur guise ? Et, question fondamentale, la bestialité humaine, celle de la domination et des rapports de force défavorables aux uns et extrêmement favorables aux autres, en est-elle digne ?

La CIA, l’US Air Force, l’US Navy, l’OTAN et d’autres organismes para- ou supra-étatiques similaires (pas uniquement états-uniens) pourraient avoir leur avis sur ces questions

1 - YALE JOURNAL OF BIOLOGY AND MEDICINE, 7 décembre 1934, pp 83-128

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2601137/

2 - JOURNAL OF APPLIED PHYSIOLOGY, 1 juillet 1962, vol 17, n°4, pp 689-692

https://jap.physiology.org/content/17/4/689.abstract

3 - THE NEW YORK TIMES, 28 décembre 1965, p 28https://select.nytimes.com/gst/abstract.html?res=F70C1FFB3B591B7A93CAAB1789D95F418685F9

ABC News (Paul Altmeyer), “Mission Mind Control”, 10 juillet 1979

4 - Low-Intensity Conflict and Modern Technology, US Air Force, Air University Press, juin 1986

5 - Capt P Tyler (US Navy), The Electromagnetic Spectrum in Low-Intensity Conflict, Air University Press, 1986, p 249 et suivanteshttps://ce399.files.wordpress.com/2009/12/theelectromagneticspectruminlow-inte.pdf (JUIN 1986 !)

Extraits

« Bien que la radiation électromagnétique soit connue de tous, son prototype étant la lumière visible, et malgré le fait que certaines propriétés magnétiques et ‘électriques’ aient fait l’objet d’observations pendant des siècles […], les scientifiques n’identifièrent l’électromagnétisme en tant que tel, n’explorèrent sa physique et ne développèrent des théories rationnelles pour son utilisation pratique que dès la fin du XVIIIe. […]

Les résultats de maintes études qui ont été publiées ces dernières années indiquent que des effets biologiques spécifiques peuvent être obtenus en contrôlant les divers paramètres du champ électromagnétique (EM). Quelques-uns de ces facteurs EM susceptibles d’être manipulés sont la fréquence, la forme de la vague, le taux d’impulsion initial, la durée d’impulsion, son amplitude, le taux de répétition, la modulation secondaire, ainsi que la symétrie et l’asymétrie de l’impulsion. Parmi les effets cliniques des radiations électromagnétiques, un grand nombre furent remarqués pour la première fois à l’occasion de l’utilisation directe du courant appliqué directement sur la peau. Plus tard, les mêmes effets furent obtenus par son application à des champs extérieurs. […]

Comme bon nombre d’entreprises humaines, [les] applications de la radiation électromagnétique peuvent devenir une arme à double tranchant. Elles peuvent être significativement bénéfiques, mais, en même temps, elles peuvent être exploitées et utilisées de manière contrôlée dans le cadre d’applications militaires ou secrètes. La présente contribution se concentre sur l’usage potentiel des radiations électromagnétiques lors de conflits de faible intensité.

APPLICATIONS MILITAIRES POTENTIELLES DES RADIATIONS ELECTROMAGNETIQUES

L’exploitation de cette technique à des fins militaires n’en est qu’au stade embryonnaire, et sa reconnaissance par les Etats-Unis comme une option envisageable est récente. Un magazine de biotechnologie de l’US Air Force datant de 1982 déclarait ceci :

« Les données actuellement disponibles nous permettent de projeter que des champs de radiations de fréquences radio (RFR) spécifiquement générés peuvent constituer une menace antipersonnel puissante et révolutionnaire. La thérapie des électrochocs indique la capacité d’induire du courant électrique afin d’interrompre complètement le fonctionnement mental durant de courts laps de temps, d’alimenter les fonctions cognitives durant de plus longues périodes, et de restructurer les réactions émotionnelles à intervalles prolongés.

Les expérimentations menées par thérapie d’électrochocs, celles relatives aux RFR, ainsi que la compréhension accrue du cerveau en tant qu’organe électriquement médiateur ont suggéré la sérieuse probabilité que des champs électromagnétiques marqués puissent perturber un comportement résolu et pourraient être capables de diriger et d’interroger un tel comportement. En outre, le passage d’approximativement 100 milliampères à travers le myocarde peut mener à un arrêt cardiaque et au décès, soulignant ici aussi l’effet d’une arme qui agit à la vitesse de la lumière.

Un système RFR de scanning rapide pourrait donner lieu à un effet incapacitant ou meurtrier sur une large zone. […] En utilisant des RFR d’intensité relativement basse, il devrait être possible de rendre de vastes groupes militaires sensibles à des quantités extrêmement dispersées d’agents chimiques ou biologiques contre lesquels la population non irradiée serait immunisée. »

Les applications potentielles des champs électromagnétiques artificiels sont vastes, et elles peuvent être utilisées dans de nombreux cas de figure militaires ou quasi-militaires.

Certaines de ces utilisations possibles sont la maîtrise de groupes terroristes, le contrôle des foules, le contrôle des brèches de sécurité dans des installations militaires, ainsi que des techniques antipersonnel dans le cadre d’une guerre tactique. Dans tous ces cas, les systèmes EM seraient utilisés afin de produire des perturbations physiologiques légères à graves, et de distordre ou désorienter la perception. De plus, la capacité des individus de fonctionner pourrait être dégradée à un point tel qu’ils deviendraient incapables de combattre. Un autre avantage des systèmes électromagnétiques réside dans le fait qu’ils sont en mesure de couvrir de vastes zones à l’aide d’un système unique. […] »

6

CNN News, Special Assignment (Chuck DeCaro), novembre 1985 (première diffusion, revue et corrigée en 1999)

Extraits

« Le Dr. Michael Persinger (psychologue spécialiste des neurosciences) a effectué des recherches sur l’effet des radiations électromagnétiques sur le cerveau. Des variations sonores aléatoires […] pourraient permettre de différencier des cerveaux individuels. En d’autres termes, les individus pourraient être identifiés à l’aide des caractéristiques spécifiques de leur production neuronale :

« les niveaux de puissance pour ces amplitudes sont similaires à ceux associés aux signaux générés mondialement par les systèmes radio et de télécommunication. Ces vingt dernières années, un potentiel s’est développé, qui était improbable mais qui est aujourd’hui plus ou moins réalisable : […] il s’agit de la capacité technique d’influencer directement la majeure partie des quelque 6 milliards de cerveaux de l’espèce humaine en générant de l’information neuronale au sein d’un medium physique, au sein duquel tous les membres de l’espèce sont immergés ».

Le message du Dr. Persinger, expurgé de son jargon, consiste à dire que l’espèce humaine tout entière peut être contrôlée par l’entremise d’influences électromagnétiques,  véhiculées par les stations de radio ou de télévision ou par d’autres moyens techniques. »

7 - Nature 391, 316, 22 janvier 1998

https://www.nature.com/nature/journal/v391/n6665/full/391316c0.html

8 - US NEWS & WORLD REPORT, 26 décembre 1999http://acsa2000.net/JohnNorseenUSNews.html

(Cet article a paru dans l’édition papier de US News & World Report du 3 janvier 2000.)

Lire aussi : https://www.wired.com/politics/security/news/2007/09/mind_reading?currentPage=all

Extraits

 « Police de la pensée. Les pensées meurtrières d’un terroriste peuvent [être reconnues à travers l’activité électrique cérébrale], affirme [John] Norseen [employé de Lockheed Martin], qui a rédigé sa thèse [universitaire] au Naval War College, une thèse consacrée à l’application de la recherche dans le domaine des neurosciences à l’antiterrorisme. Il a, de son propre chef, soumis au Pentagone un plan de recherche et développement destiné à identifier le profil mental d’un terroriste. Un engin miniature dont la fonction est de cartographier le cerveau, placé dans un détecteur à métaux situé dans un aéroport, passerait au crible les modèles cervicaux des passagers, qu’il comparerait à un dictionnaire d’empreintes cervicales. Norseen prédit que le profilage par empreintes cervicales sera fonctionnel d’ici à 2005. […]

« Si ces recherches aboutissent », ajoute Norseen, « il sera possible de commencer à manipuler ce que des gens pensent avant même qu’ils ne le sachent ». Mais Norseen affirme être ‘agnostique’ quant aux répercussions morales [de son projet]. […] « L’aspect éthique ne me concerne pas », déclare-t-il, « mais d’autres devraient se sentir interpellés. »

9https://apps.dtic.mil/sti/citations/ADA425472

https://www.researchgate.net/publication/235210000_High_Power_Microwaves_Strategic_and_Operational_Implications_for_Warfare

EXTRAITS

« L’armée a longtemps exploité le spectre des fréquences électromagnétiques, d’abord par l’entremise de communications « sans fil », à la fin du XVIIIe siècle, puis à travers la découverte du radar, dans les années 1930. Ces techniques ont rapidement évolué en de nombreuses applications militaires, en ce compris les systèmes d’alerte anticipée, la détection, et la gestion de la mise à feu de l’armement. […]

Il fut un temps où la notion d’ « énergie dirigée » était reléguée à la science-fiction. […] Ces dernières années, le champ de bataille moderne est devenu un environnement « riche en cibles » pour les armes à micro-ondes de haute intensité. […]

La conclusion de cette étude est que les techniques de micro-ondes de haute intensité sont prêtes pour […] leur déploiement en tant qu’armes opérationnelles, au sein de l’armée U.S . […]

Les contractants privés en matière de défense ne devraient pas seulement être encouragés à développer les capacités techniques qui leur permettraient de participer aux programmes d’armements à micro-ondes; cette étude conclut aussi que les systèmes militaires des Etats-Unis devraient être renforcés afin de les protéger contre les effets [desdites] ondes. »

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Pour un contrôle international des armes spatiales !

Prenez, au hasard, deux hyperpuissances, les Etats-Unis et la Chine, par exemples. Après d’intensives séances de musculation, la seconde exhibe fièrement ses biceps saillants. La première, adepte de l’école californienne des stéroïdes, la regarde de loin. Elle sait que ses biceps à elle sont autrement plus impressionnants, mais n’en ignore pas moins qu’à force d’interroger le miroir pour savoir qui, ô qui, est le plus Terminator du royaume global, celui-ci finira bien un jour par lui répondre que c’est sa compétitrice, qu’il lui faut par conséquent entreprendre de déstabiliser.

Comment les Etats-Unis pourraient-ils procéder ? Voyons voir… Ils disposent, dans l’espace, de satellites à faisceau laser surpuissants qui, depuis l’ère Reagan, grande inauguratrice de la guerre des étoiles dont un réalisateur hollywoodien devenu opportuniste a fait un triptyque à l’eau de rose, n’ont cessé de se perfectionner (1). Ils sont désormais suffisamment puissants que pour fissurer superficiellement une plaque tectonique et provoquer ainsi un tremblement de terre. Voilà une donne que les chefs d’état-major interarmées et les divers services de renseignement de l’Empire ne pouvaient ignorer, pas plus que la proximité du Japon avec la Chine. « Que ne ferions-nous d’une pierre deux coups ? », s’exclama soudain le maréchal McGurk à l’attention de ses collègues. Examinant attentivement la carte du Japon, il avait constaté l’implantation, en bord de mer, d’une centrale nucléaire. Posant avec aplomb la phalange de son majeur droit sur la carte, il poursuivit : « si nous concentrons l’énergie de nos lasers ici, nous créerons un tremblement de terre à quelques kilomètres des côtes, qui générera un raz-de-marée qui fera des milliers de victimes et provoquera l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima. De la sorte, non seulement nous scarerons le hell out of la Chine, mais nous pourrons étudier aussi à notre aise, pendant plusieurs années, l’effet sur une vaste population de plusieurs retombées nucléaires massives successives. Wadjathank ? », s’enquit-il. Ses collègues saluèrent son brillant esprit : le tsunami était né !

Vous l’aurez deviné : pure fiction que tout cela. A ce stade. Mais si l’on part du principe que toute arme produite a été utilisée au moins une fois, qu’est-ce qui empêcherait une puissance impérialiste et belliqueuse – vous aurez compris que l’exemple choisi est pur hasard – d’utiliser celle-là. Car cette arme existe, cela ne fait aucun doute. Alors qu’il y a à peine quelques dizaines d’années, il fallait encore à une puissance tutélaire recourir à des intimidations de l’acabit des tueries du Brabant afin de droitiser les régimes de nations virtuellement occupées, qu’y soit logé ou non le siège de l’OTAN, l’arme dont question, grande sœur des drones invisibles utilisés massivement par l’administration de l’Espoir, a l’avantage de pouvoir se passer d’intermédiaires. Il n’est donc pas du tout farfelu de concevoir que demain, plusieurs grandes puissances qui en disposeraient seraient à même de s’intimider les unes les autres dans leurs sphères d’influence respectives, sans que la moindre déclaration de guerre formelle ne soit prononcée. Vantons là l’avancée démocratique considérable favorisée par nos Seigneurs : les citoyens n’auraient plus à rejoindre les drapeaux ; ils serviront de chair à laser sans même avoir à se battre. On n’arrête pas le progrès !

Le 11 janvier 2002, le Commandeur-Adjoint des Forces du Bien Rumsfeld, qui viendrait plus tard (sans sa cape blanche klanique) menacer les Européens jusque dans l’enceinte de leur propre parlement, avait annoncé en grande pompe l’accélération du programme états-unien de militarisation de l’espace. Ce programme a pour nom « United States Space Command, Vision for 2020 » et il est clair comme de l’eau de roche martienne : il doit permettre aux Etats-Unis de « dominer la dimension spatiale des opérations militaires afin de protéger [leurs] intérêts et [leurs] investissements [et] d’intégrer les forces spatiales dans les ressources de guerre, dans le prisme entier [des] conflit[s]. » (2)

Les Etats-Unis n’ignorent pas que les temps qui s’annoncent sont porteurs de vives turbulences et que leur hégémonie est menacée par la multipolarisation mondiale, qui est la conséquence logique de l’émergence de l’Amérique latine, de l’Inde, de la Russie, de la Chine et – espérons-le enfin – de l’Afrique, ainsi que par la surpopulation générale des pays en voie de développement comme source d’instabilité pour leur mainmise sur les ressources planétaires. Comme une plus juste et une plus équitable répartition des richesses n’est pas intégrée à leur logiciel, ils en sont donc à réunir les conditions d’une nouvelle course globale à l’armement faramineuse qui aura pour conséquence directe un accroissement général de la pauvreté et, par voie de conséquence, de l’instabilité qu’ils prétendent vouloir prévenir.

Ni la Russie ni la Chine ne sont dupes de ces intentions stratégiques, qui englobent par ailleurs le fameux bouclier anti-missiles de l’OTAN, dont la première a depuis toujours fait un quasi-casus belli susceptible de rompre l’équilibre toujours plus précaire de la terreur nucléaire. En effet, la question de la militarisation de l’espace est centrale dans le traité ABM (Anti-Balistic Missile), renié par les Etats-Unis depuis le 13 juin 2002, un reniement compensé depuis par la seule promesse orale d’Obama et de sa première secrétaire d’Etat que les Etats-Unis ne se livreront plus à la moindre attaque nucléaire préventive…

Dans cette nouvelle confrontation en coulisses entre grands de ce monde, les choses sont allées très vite : en février 2008, la Russie et la Chine proposaient d’interdire tous les types d’armements spatiaux (3). C’était compter sans doute sans ceux qui s’y trouvaient déjà et avaient coûté une petite fortune au contribuable américain. A peine un an plus tard, la vertueuse nouvelle administration américaine mettait sur la table une collaboration renforcée, espèce de joint venture, entre le Pentagone et la NASA (4), en conséquence de quoi, en novembre 2009, l’armée chinoise déclarait « inévitable » la militarisation de l’espace (5). Deux mois plus tard, en janvier 2010, elle testait avec succès un système de défense antimissile (6). Tout porte à penser que l’année 2010 aura été l’occasion, tant pour la Chine que pour les Etats-Unis, de se prêter à un concours de body building dans le théâtre spatial proche, en l’occurrence en utilisant de nouvelles armes à faisceau laser pour détruire plusieurs de leurs satellites respectifs devenus obsolètes, ce qui a amené le shérif de l’espace à menacer la Chine, en février 2011, du spectre d’une guerre des étoiles (7).

Et l’Union européenne, dans tout cela ? vous demanderez-vous peut-être. Elle est gentille, comme d’habitude. Elle cherche à ménager tant la chèvre que le chou. Il faut dire qu’elle risque gros : son programme Galileo, qui proposera à terme une alternative au GPS américain, sous tutelle militaire, coûte des ponts et a eu à faire face à de nombreux obstacles. Il ne manquerait plus que sa myriade de satellites, une fois en orbite, subisse les foudres discrètes des lasers de l’oncle… Elle a donc endossé, par la voix du Conseil européen comme de bien entendu, le rôle hypocrite de conciliatrice en pondant, en octobre 2010, un code de bonne conduite relatif aux activités spatiales (8) si vague et si peu contraignant que les Etats-Unis ont souscrit de bon gré à son principe. En juin 2012, en prélude à un sommet qui se tiendrait en novembre, elle a actualisé celui-ci (9), en prenant bien soin de préciser que ledit code « n’est pas juridiquement contraignant » (page 3) et que « les Etats signataires s’engagent à notifier, dans un délai raisonnable et dans la mesure du possible et du praticable, tous les autres Etats signataires potentiellement concernés des activités menées dans l’espace qui s’inscrivent dans le cadre des objectifs définis par le Code » (page 6). Compte dessus, dit-on à Bruxelles ! Dans la pratique, il ne sera même pas nécessaire à une grande puissance d’utiliser le prétexte de la voierie spatiale (10) pour équiper l’espace (qui est encombré des carcasses de milliers de satellites désaffectés) de lasers meurtriers et autres gadgets potentiellement générateurs de meurtres de masse.

Toutes les parties en présence, tous les (potentiels) Etats signataires l’ont bien compris : tant qu’il ne se transforme pas en traité, ce code de bonne conduite spatiale s’assimile à du vent…

« The Death Star has located the rebels, maaaster… »

Unless Peace Comes (collectif, 1968)

EXTRAITS

GUERRES SECRETES ET ALLIANCES CHANGEANTES

« Des déficiences tant dans la compréhension basique des processus physiques [à l’œuvre] dans l’environnement que dans les techniques de changement [climatique] rendent très ténue la possibilité qu’une modification [du climat par l’homme] constitue un système d’armement intéressant dans un futur proche. […] A terme, toutefois, des moyens distincts de l’armement conventionnel pourraient être utilisés afin de sécuriser notre prééminence nationale. Alors que s’accentue la concurrence entre de nombreuses nations avancées, il pourrait être à l’avantage d’un pays donné de s’assurer un environnement naturel paisible tout en perturbant l’environnement de ses concurrents. Les opérations qui produiraient de telles conditions pourraient être menées secrètement, étant donné que la grande irrégularité de la nature fait en sorte que tempêtes, inondations, sécheresse, tremblements de terre et tsunamis puissent être considérés inhabituels, mais point inattendus. Une telle ‘guerre secrète’ ne devrait jamais être déclarée, ni même connue des populations affectées. Elle pourrait se poursuivre pendant des années, et seules les forces de sécurité concernées en seraient conscientes. Les années de sécheresse et de tempête seraient attribuées à une nature revêche et ce n’est que lorsqu’une nation serait profondément épuisée que s’entamerait une tentative de conquête par les armes. »

Gordon J. F. MacDonald, How To Wreck the Environment, in Unless peace Comes, A Scientific Forecast of New Weapons, Nigel Calder Editions, 1968

______________

(1)    Source (think tank californien conservateur) : http://www.missilethreat.com/missiledefensesystems/id.57/system_detail.asp

(2)    Source : http://www.fas.org/spp/military/docops/usspac/visbook.pdf

Lire aussi : http://www.afspc.af.mil/library/factsheets/factsheet.asp?id=3675

Lire enfin l’analyse très critique suivante, qui émane de l’université de Princeton : http://www.princeton.edu/~rskemp/IEEE%20Spectrum%20-%20Star%20Crossed.pdf

(3)    Source : http://fr.rian.ru/world/20080212/99019800.html

(4)    Source : http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=newsarchive&sid=aOvrNO0OJ41g

(5)    Source : http://chine.aujourdhuilemonde.com/la-militarisation-de-lespace-inevitable-selon-larmee-chinoise

(6)    Source : http://www.rfi.fr/contenu/20100112-chine-teste-succes-systeme-defense-antimissile

(7)    Source : http://www.smh.com.au/world/america-threatened-china-over-star-wars-20110203-1affj.html

(8)    Source : http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cmsUpload/st14455.en10.pdf

(9)    Source : http://www.consilium.europa.eu/media/1696642/12_06_05_coc_space_eu_revised_draft_working__document.pdf

(10) Source : http://www.technologyreview.com/view/423302/nasa-studies-laser-for-removing-space-junk/

(11) Source : http://www.canberratimes.com.au/opinion/china-plays-its-outer-space-ace-20130120-2d10l.html

N.B. : exceptionnellement, cet article a été rédigé a posteriori (le 02/02/13). La référence biobliographique et la citation qui en est extraite, qui figurent en fin d’article, ont été ajoutées le 24/11/13.

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